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19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 12:52

buffy-college-2.jpgUn guide peut difficilement prétendre à l’exhaustivité, surtout lorsqu’il s’attelle à catégoriser une couche sociale aussi complexe et évolutive que la population des facultés de droit françaises. D’ailleurs, nombreux sont les étudiants et anciens étudiants qui ont au cours des derniers mois signalé des lacunes dans le premier dossier : « Ah mais moi je côtoie ce type de personnage aussi ! » « Tiens, vous ne faites pas référence à ce profil spécifique. » Autant de  remarques constructives ne pouvaient être accueillies qu’avec bienveillance. C’est donc dans une visée perfectionniste que nous reprenons la tâche entamée il y a quelques mois.

 

Comme pour la première partie nous rappellerons que ce guide, loin de se borner au simple instrument de vengeance, vise avant tout à la désinformation. En effet les personnages présentés dans les lignes ci-dessous existent rarement pourvus des traits grossis que je leur ai attribués – ou ne survivent pas longtemps à la faculté de droit lorsque c’est le cas.  Toute réclamation sera traitée avec célérité (=Fournie à la déchireuse).

Que les enseignants trouvent dans ce guide un peu de franche rigolade et un avertissement sur les pires cas auxquels ils pourront être confrontés.
Que les étudiants, débutants ou confirmés, juristes ou non d’ailleurs (l’essentiel de ce guide s’applique à toutes les disciplines de sciences humaines), apprennent à ficher leurs camarades et à, soit s’en méfier comme la peste, soit les adorer.

 

[Les références aux étudiants Hermione Reloux, Jacques McCoy, Willow Fluctuat et consorts renvoient à la première partie du dossier, trouvable ici ]

 

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Shirley Gourou

Plus versée dans les sciences occultes que juridiques, Shirley a développé une capacité d’une rare inefficacité : la prédiction de sujets. Grâce à la maîtrise des tendances cosmiques, la lecture des lignes de la main des enseignants, l’analyse de l’actualité via les feuilles de thé, Shirley prétend à chaque semestre pouvoir déterminer avec exactitude le thème de la prochaine interrogation de droit social ou du partiel de Finances publiques, voire de l’examen de rattrapage de droit constitutionnel.
Las, son pouvoir divinatoire la mènera plus volontiers vers la seconde session que vers les sommets de l’année suivante. Shirley préfère la divination aux révisions et fait l’impasse sur les trois quarts du cours. Grand bien lui en fasse, dixerunt les sceptiques qui ne s’en remettront jamais à elle.
Note aux enseignants : Si vous souhaitez lui donner une bonne leçon, lancez un petit sourire mystérieux en évoquant une jurisprudence importante. Elle y décèlera l’alignement de Vénus et Jupiter.
Note aux étudiants : Un taux de réussite de 1 sur 10 est trop négligeable pour faire d’elle une prêtresse du sujet de partiel.

 

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The Curse

Vous vous êtes tous retrouvés dans la promotion d’un étudiant poisseux au possible, étudiant dont même le nom évoquait l’infortune : «Iseult Heuil De Mauscout » ou « Arthur Shanoire » par exemple. Pour une raison inexplicable la faculté de droit s’évertue à plonger ces étudiants dans le tourment : « The Curse » n’a jamais reçu le mail collectif indiquant l’organisation d’une interrogation (parti en courrier indésirable), n’aura pas réalisé que le sujet contenait une cinquième page (Dommage ! Question sur 6 points), aura emporté avec lui/elle la dernière page de sa dissertation en quittant l’amphi d’examen (confusion avec un brouillon), aura préparé la mauvaise séance de TD (faute de lecture du calendrier), et cetera.
Certains diront que The Curse est une victime particulièrement malchanceuse. D’autres, plus réalistes constateront qu’il est extrêmement négligent et maladroit.
Note aux enseignants : Pas de pitié !
Note aux étudiants : Haussez les épaules.

 

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Pol’ Kainry

Facilement trouvable en L1, un peu plus rare dans les années ultérieures, Pol’ (il s’appelle Paul en vrai) n’est pas réellement entré dans le moule purificateur de la faculté de droit. On ne lui reproche pas tellement son côté fashion victim pseudo rappeux mais plutôt le peu d’efforts investis dans la formulation convenable de son analyse juridique.
Certes, on peut féliciter l’étudiant capable de placer le mot « stylé » dans le commentaire d’une décision de la Cour de Cassation – quoique la Cour a développé des compétences stylistiques remarquables dans ses arrêts récents – mais les enseignants regretteront peut-être qu’il parle en cours comme un candidat de Secret Story.

Toutefois, et à l’instar de Willow Fluctuat, Pol’, s’il apprécie vraiment le droit, fera généralement des efforts pour réprimer ses réflexes et cesser d’inverser les syllabes du nom de ses profs.
Note aux enseignants : « Frais » est un commentaire positif de sa part.
Note aux étudiants : Appelez-le Eminem à vos risques et périls.

 

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Maurane Gociatrice

Maurane est la pire chose qui puisse arriver à un chargé de TD « Harry », cette étudiante ayant la capacité de négocier tout et n’importe quoi. Le rendu en retard d’un devoir, le rendu d’un devoir supplémentaire, la communication de sa moyenne avant tout le monde, des informations sur le sujet du partiel, l’augmentation de sa moyenne « parce qu’il me manque juste 1 point pour valider », le rendu d’un devoir par internet (l’infâme technique dite du Arthur H.) voire sur papyrus, par pigeon voyageur ou en braille si les circonstances le permettent.
Note aux enseignants : Dire « non » le plus tôt possible limitera d’autres tentatives de négociation.
Note aux étudiants : Suivez-la de près. Si elle négocie quelque chose profitez-en pour accabler l’enseignant !

 

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Richie Rich

Afin de compenser ses faiblesses – ou en dépit d’un niveau tout à fait honorable – Richie va compulsivement acheter tous les ouvrages disponibles dans une matière donnée, s’abonner aux bases de données pertinentes (Lexis Nexis, Westlaw et consorts) et s’inscrire dans des prépa juridiques avec le privilège infini d’assister à des cours privés le samedi matin. Puis va stabiloter toutes les pages, satisfait d’avoir dépensé 300 euros par discipline.
Puis va se retrouver en rattrapage.
Comme quoi l’argent ne compense pas (toujours) le travail. Le problème est que Richie n’a alors pas tant un problème de contenu que de contenant : il a beau avoir toutes les sources possibles et imaginables, il lui manque la rigueur d’une méthode réfléchie.
Note aux enseignants : Ne jugez pas. On sait très bien que certains d’entre vous officient dans les officines qui fournissent les étudiants en prépas intensives et onéreuses.
Note aux étudiants : N’achetez pas tous les ouvrages. Vous pouvez généralement les trouver en bibliothèque. Du reste, les étudiants qui réussissent leurs études de droit sont rarement ceux qui ont investi le plus d’argent dedans.

 

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Casper Cujas

Casper est une plaie sans même le vouloir. Ce phénomène surnaturel – cousin spirituel d’Alexis Nexis – est TOUJOURS à la bibliothèque lorsque vous vous y rendez. Que vous y alliez à huit heures du matin pour imprimer votre cas pratique à la dernière minute, midi pour fouiller dans les Petites Affiches, huit heures du soir pour emprunter des ouvrages de DIP, Casper est toujours là ! Vous ne savez pas trop comment il fait et vous demandez avec perplexité s’il a une maison ou a choisi d’établir un logement de fortune dans la salle de photocopie. Sa présence quasi-permanente sème le doute dans votre esprit : est-il réel ou simplement le fruit de votre imagination ? À quelle moyenne extraordinaire peut-il prétendre avec une telle quantité de travail ?
Vous en arrivez à être troublé(e)s les rares fois où il n’est pas dans les lieux. Serait-il mort ?
Note aux enseignants : RAS
Note aux étudiants : On peut passer sa vie en bibliothèque  et ne rien y faire. Cf. Kevina!

 

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Barney Pinnesonne

Barney c’est cet étudiant qui, une fois le bac en poche, a compris qu’il était enfin arrivé dans le monde des grands. Point de vue tout à fait honorable soit dit en passant.
Ce qui nous perturbe chez Barney c’est que cette révélation le pousse à se vêtir en costume cravate dès qu’il met les pieds à la fac, qu’il pleuve qu’il vente ou qu’il neige, dès le premier jour de la L1. En dehors du fait que cela perturbe les autres étudiants (qui le prennent pour un chargé de TD), les chargés de TD (qui le prennent pour un collègue), les profs (qui voient cela comme une provocation pompeuse), Barney devient malgré lui le point focal de l’amphi : « Le type qui vient en cours en costume cravate. »

Ajoutons à cela que le costume ne sied pas à tout le monde, d’autant plus lorsque le jeune Barney âgé de 18 ans n’a pas encore achevé sa croissance et ne remplit donc pas les épaules de sa veste. Concluons en relevant que le costume en plein été dans un amphi de 500 personnes ça donne vite chaud… et des auréoles ce n’est pas vraiment classe.
En conclusion, Suit Up… avec parcimonie !
Note aux enseignants : Tout étudiant qui porte mal le costume mérite d’être remis sur le droit chemin. Violemment.
Note aux étudiants : A partir de la L2 vous passerez inaperçu malgré le port du costume, celui-ci constituant la preuve que vous avez survécu à l’écrémage de la L1. C'est un peu comme le totem d'immunité dans Koh Lanta.

 

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Kevina Postrophe

A l’instar de Beyonce Coulibaly la présence de Kevina dans l’amphi de droit s’explique difficilement, même après un recours aux lignes d’interprétation cosmique (cf. Shirley Gourou). En effet, Kevina arrive en cours, s’installe près de vous, ouvre son Closer et semble y trouver une nourriture intellectuelle suffisante pour compenser le manque d’intérêt que lui inspire la jurisprudence de la CJUE. Pire encore, Kevina pollue le travail de son entourage en sollicitant l’attention de ses camarades et en leur contant tous les ragots de la promotion, de qui sort avec qui à qui s’est fait gauler en train de tricher en partiel. Dans le pire des cas vous aurez droit à ses déboires amoureux.

Kevina trouve tout de même le moyen de se rendre en bibliothèque, le problème étant qu’à défaut d’y travailler elle s’installe près de l’entrée et lève la tête à chaque fois qu’une personne entre ou sort. Il faut probablement constater ici l’émergence d’un nouveau standard juridique : la bonne commère de famille.
Note aux enseignants : Rassurez-vous, elle ne s’intéresse pas à vous... sauf si vous vous retrouvez dans son magazine favori.
Note aux étudiants : Asseyez-vous à côté d’elle à vos risques et périls. Elle vous racontera toute sa vie, vous empêchant ainsi de travailler. Si vous êtes un Jacques McCoy elle pourrait essayer de vous épouser.

 

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Julien Le Prépa

La plaie d’un étudiant de L1 : le prépa qui ne s’ignore pas. Julien a acquis la conviction que son statut d’ancien prépa le rendait plus apte au succès que les pauvres bacheliers issus d’un circuit lycéen classique. Son jeu favori lors de ses phases de socialisation en début d’année est donc d’identifier les étudiants de la même engeance que lui. Réalisant que ses congénères (=rivaux) sont assez peu nombreux il va se sentir éminemment certain de son succès : « Ah ? Tu n’as pas fait de prépa… ça ne va pas être une sinécure… bon courage en tout cas ! »
Il ne s’agit pas d’affirmer que les prépas sont des plaies. Nous visons uniquement les Juliens qui démarrent leur cursus de droit avec la conviction d’être meilleurs que les autres. Nous reconnaissons cependant que  vous disposez d’un avantage : vous avez généralement une meilleure plume et une capacité de labeur plus développée que celle de vos camarades normaux.
Note aux étudiants : Vous avez le droit de signaler à Julien que le taux de réussite des prépas a, selon des sources sûres, été de l’ordre de 10% l’année précédente. C'est faux mais il n'a pas à le savoir.
Note aux enseignants : Une copie un peu trop littéraire est peut-être une copie de prépa.

 

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Cordelia Corloux

Vous vous souvenez d’Hermione Reloux ? Et de Justin Cogens ? Parfait ! Lancez les deux dans un shaker et mélangez le tout, vous obtiendrez Cordelia.  L’ennemi d’Etat. Au moment où l’enseignant va expliquer la notion la plus simple de toute l’histoire du droit français et s’assurer que le groupe a bien compris, 37 têtes vont sincèrement acquiescer et l'enseignant va pouvoir ench…
Cordelia [fort et sans lever la main] :Madame j’ai pas compris !
Chargée de TD : Ah… Qu’est-ce vous n’avez pas compris ? o_O
Cordelia : Tout.
L’enseignant (consciencieux) va laborieusement reprendre une explication plus accessible tout en constatant avec horreur que les yeux de Cordelia continuent de s’écarquiller d’incompréhension. Pendant ce temps les autres étudiants la toisent d’un œil torve, se demandant comment elle a pas pu ne pas saisir tout ceci.

Chargée de TD : Vous avez compris maintenant ?
Cordelia : Euh… Non.

Chargée de TD : Mais... vous avez réfléchi?
Cordelia : Ah il fallait!?

Note aux enseignants : Il est normal que certaines notions ne soient pas comprises immédiatement par les étudiants. Si au bout de deux explications Cordelia est la seule à n’avoir toujours pas compris elle n’est peut-être pas sauvable.
Note aux étudiants : Interdiction de lancer des boulettes de papier.

 

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Madeleine Lainée

Ceux qui en s’installant pour la première fois en TD ont eu la stupeur de se retrouver à côté d’une mère de famille connaissent forcément Madeleine. Généralement âgée de plus de 40 ans Madeleine a débuté/repris ses études de façon tardive. C’est potentiellement l’étudiante la plus puissante (psychologiquement) de la promotion :
- Les autres étudiants courbent généralement l’échine lorsqu’ils sont près d’elle, impressionnés par son aura maternelle voire grand-maternelle. Difficile de placer des termes relatifs à la dépravation (sexe, drogue, alcool, citations de Nadine Morano) en sa présence sans se sentir coupable.
- Les chargés de TD se retrouvent face à une étudiante plus âgée qu’eux et ne savent pas s’ils doivent l’appeler Madame ou Mademoiselle. Ils ont même des scrupules à commenter ses copies de la même manière expéditive que les autres. Qui écrirait "Pathétique" sur la copie de sa mère?
- Les profs voient la barrière invisible fissurée par un étudiant d’un autre niveau : l’étudiant adulte, le véritable adulte, celui qu’on ne peut pas envoyer bouler sur la base d’un simple rapport hiérarchique.
La question la plus difficile à gérer pour les autres étudiants est sans doute la suivante : on l’invite à notre soirée ou pas ?
Note aux étudiants : Tout dépend du style de la soirée. Madeleine pourrait mettre le hola si vous allez trop loin sur la bibine.
Note aux enseignants : Si Madeleine est grand-mère, elle passe à un niveau supérieur. Vous êtes « owned ».

 

 

Dossier à suivre? Ce sera à vous de me le dire!

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